Les premiers rayons du soleil me poussent à ouvrir les yeux, et j'inspire à grande bouffée pour m'aider à comprendre un peu plus où je suis. C'est vrai, nous sommes arrivées sur Isla Sorna depuis quelques jours, cette île dont nous avons beaucoup entendu parler par Owen et Claire, et qui constitue un énorme tournant dans nos vies. Après avoir passé deux ans sur les routes avec Joh, et grâce au lien très fort qui nous unit, il ne nous a pas fallu longtemps pour comprendre que nous voulions la même chose, venir ici. Un simple regard avait suffit. Quand nous avons découvert ce qu'avait réussi à mettre en place Claire, ça a été un gros choc, car tout était parfait, enfin pour nous en tout cas. On était à la maison. J'avoue ne pas avoir pu résister à la simple idée d'avoir une chambre et un lit pour moi toute seule. Ce n'est certes pas le grand luxe, mais c'est toujours plus grand que Rexie. Notre van était un vrai petit bijou, et je suis contente que Joh l'ai ramené. Elle s'en sert encore de chambre, n'ayant pas eu le coeur à dormir ailleurs. Et même si je reconnais que mon lit me convient, ça me fait tout de même un peu bizarre de ne pas y dormir. Peut-être qu'avec le temps ça passera, de toute façon, il n'est pas très loin et je peux y aller quand je veux. Elle ne me dira jamais non.
Je regarde ma montre posée sur la petite table de nuit à côté de mon lit, et je constate que j'ai encore le temps de traîner au lit avant de me lever. Mais je n'ai pas vraiment envie, parce que je suis super impatiente. Joh et Claire ont passé un accord concernant le poste qu'allait avoir ma meilleure amie sur cette île. Elle qui ne supporte pas rester sans rien faire n'aimait pas le fait qu'elle n'aurait pas à travailler à 100% sur la compta, alors elle a cherché un moyen de se rendre utile. Et vu notre passif durant ces deux ans, et la petite expérience professionnelle que nous avons acquises dans les pépinières, il a été décidé qu'elle gérerait le potager. Et aujourd'hui, elle commence officiellement. Selon Claire, il y avait du boulot avant de rendre la terre accueillante pour les quelques légumes qui arriveraient à pousser dans ce climat, alors il valait mieux qu'on y arrive assez tôt.
Je décide de me lever, m'habille avec les premiers trucs que je trouve, un simple jean bleu marine et un débardeur gris, et j'enfile ma petite veste en jean, histoire de ne pas me faire bouffer par les moustiques, ni d'être un peu frappée par l'humidité et la fraicheur du matin. Je sors doucement de mon bungalow et passe devant Rexie pour vérifier que Joh dort encore. Bien. Je file alors à la tente réfectoire, où je salue les quelques matinaux qui sont debout avant tout le monde. La petite cuisine est déjà prête de tout ce qu'il y aura au petit dej commun et je souris. C'est une ambiance plutôt cool le matin, j'aime bien. Mais aujourd'hui, pas le temps de déjeuner avec tout le monde. J'attrape quelques tranches de brioche, deux petits pots de confitures, et deux tasses, une remplie de café pour moi et une de thé pour Joh. Je souris avant de me dire que je vais tout renverser avant d'arriver au van. Finalement, je trouve un petit carton traînant pas loin et je pose tout ça dedans. J'attrape aussi un petit mélange de fruits trouvés sur la table, dont j'ignore exactement ce que c'est mais Joh saura me le dire, et je me dirige aussi rapidement que me le permet mon plateau de fortune vers l'endroit où le van est garé. Je ne prend même pas la peine de toquer, à quoi bon. Je ferme la porte derrière moi, et je m'approche doucement de Joh qui dort encore. « Debout la belle aux bois dormants.... Le petit dej est servi! »
La veille, Johanna a eu un mal de chien à s’endormir. Pourtant enfoui sous la couette épaisse du lit de son van aménagé. Elle n’était pas dépaysée ! Mais elle était seule. Et cette solitude, elle ne s’y était pas vraiment préparée. Elle pensait que pouvoir redormir sans sa meilleure amie à ses côtés n’allait pas poser problème. Que cela allait être du gâteau même ! Et pourtant, les jours où elle n’était pas épuisée de fatigue, ce qui était encore fort peu arrivé jusqu’à présent depuis leur arrivée sur l’île. Elle tournait sans cesse, dans ce grand lit froid. Il lui arrivait souvent à repenser à leurs conversations qu’elles avaient parfois avant de s’endormir. Aux éclats de rires qu’il pouvait en découler. Et à cette satisfaction qu’elle avait souvent ressentit, en s’endormant parfaitement heureuse et sereine. Pas qu’elle ne l’était pas, ou plus. Mais ça lui faisais bizarre d’être à nouveau seule. Elle n’avait plus vécu si loin d’Ivy depuis deux ans. Comme un vieux couple qui finit par se séparer, bien qu’elles soient toujours amies ! Elle se sent seule. L’avantage de vivre dans son van, c’est qu’elle avait pu se relever pour se faire un thé. Une bonne vieille camomille qui l’aiderait enfin à s’endormir. Coucou Ingrid c’est une dédicace pour toi ça bisous
Elle est déjà en train d’émerger de son sommeil quand elle sent le van remuer sous l’ouverture de la porte coulissante. Seulement, elle avait décidé de traîner un peu au lit avant de sortir pour affronter le monde. Ivy en avait décidé autrement. La jolie brune se mise alors à grommeler, aux mots de sa meilleure amie. « J’suis sûre que le soleil n’est même pas encore levé ! » Qu’elle marmonne dans son oreiller qu’elle serre contre elle avec ses deux bras, décidant finalement de tourner la tête vers Ivy pour la regarder de son unique œil disponible. L’autre se trouvant toujours dans le moelleux de son oreiller. Il faut dire que sa nuit à était courte à la jeune Dearing, mais pas parce qu’elle a fait des folies de son corps avec un apollon du sexe opposé. Elle aurait préféré, au moins elle aurait dormi beaucoup plus facilement. Ou pas… Allez savoir ! Elle-même ne peut pas en être certaine. « T’as ramené quoi pour la p’tit déj ? » Qu’elle demande en levant la tête pour tenter de voir ce qu’Ivy avait posé sur la petite table du van. « C’est quoi ça ? » Qu’elle demande en pointant les pots dans le carton. Elle grimace quand l’odeur lui arrive aux narines et ça finit de la réveiller elle rabat alors la couette et s’étire les bras et la colonne vertébrale avant de se glisser jusqu’au bord du lit. « Merci, t’es la meilleure. » Qu’elle affirme en venant planter un baiser sur la joue d’Ivy.
Johanna nettoie rapidement la petite cuillère qu’elle a utilisée la vieille pour sa camomille, dans le petit évier installé dans le van. Les deux jeunes femmes avaient préféré privilégier un espace cuisine, plutôt que d’occuper la place pour une douche. Encore qu’elles avaient prévu un espace pour des toilettes sèches sous la banquette. Mais en réalité, elles ne s’en étaient jamais servies ! Elles avaient préféré utiliser les toilettes sur les autoroutes ou dans les lieux publics, parfois elles s’étaient même arrangées pour aller dans les restaurants ou les bars. Bref elles avaient toujours trouvé d’autres alternatives et ça les avaient fait passer expertes dans la débrouillardise. Mais aussi, pour Johanna en tout cas, lui avait appris à vivre et se contenter du minimum. Sans parler de la démarche écologique qui en avait suivi. Parce qu’en soit, elles avaient était parfaitement autonome d’un point de vu électrique et ça leur avait fait prendre conscience de l’importance de la moindre goutte d’eau. Même si elles avaient eu un bidon de cent litres, c’était vite parti si elles ne faisaient pas attention. Johanna venait s’asseoir à côté d’Ivy, touillant dans sa tasse de thé. « J’ai pensé à un truc pour le potager cette nuit. Je me suis dit que faire une serre, ça pourrait peut-être déjà protéger ce qui va être planté de l’humidité et avec la chaleur ça va pousser en plus. » Oui elle était passé du coq à l’âne sans transition, mais Ivy était si matinale parce qu’elles avaient décidé d’attaquer le début du potage le plut tôt possible pour souffrir le moins possible de la chaleur de l’île. « T’en pense quoi ? » Qu’elle demande à la belle blonde, venant prendre la petite cuillère de son thé pour étaler de la confiture sur sa brioche.
Je me retiens de rire lorsque la première remarque que me sort Joh est sur l'heure bien plus que matinale aux vues du soleil qui n'a même pas encore réellement pointé le bout de son nez. Elle n'a jamais vraiment été du matin, ce qui en soit m'arrangeait assez quand nous étions sur les routes car j'avais le temps de profiter au lit. Moi même j'aime assez rester tranquille, au chaud sous les couettes. J'aime surtout lorsque nous nous réveillons toutes les deux alors que nos réveils n'ont pas encore sonné, et que nous restons au lit simplement pour papoter de tout et de rien. Quand j'y repense, c'est sans doute ce qui va me manquer le plus maintenant que j'ai une chambre à part. « T’as ramené quoi pour la p’tit déj ? » Ah bah voilà, là je la reconnais bien, enfin, non pas qu'elle avait changé jusque là, parce que Joh reste égale à elle même, mais en général, quand il s'agit de nourriture, Joh est assez facilement manipulable. Ou du moins, par moi. Mais ce n'est pas de ma faute si nous sommes autant gourmande l'une que l'autre... « C’est quoi ça ? » « Lève toi et tu sauras.... » Elle se redresse finalement et se pose à côté de moi, avant de déposer un baiser sur ma joue. Moi la meilleure? Je le sais, je le répète jamais assez. Je lui fais un sourire avant qu'elle ne se lève pour attraper une cuillère, sans doute qu'elle a utilisé vu qu'elle la rince dans l'évier. C'est assez courant qu'elle prenne un thé avant de se coucher, surtout quand quelque chose la tracasse. Et si j'en crois mon intuition, je pense qu'elle a sans doute ressenti la même chose que moi. C'est drôle comme nous avons pris l'habitude d'être ensemble et comme c'était devenu tout à fait normal. Je pense qu'il va nous falloir un moment pour nous habituer à ce nouveau mode de vie. L'une comme l'autre. Mais je ne dis rien, je ne lui demande pas comment s'est passée sa nuit, ça reviendrait à gâcher notre motivation pour aujourd'hui. Il faut laisser le temps, et nous en aborderont le sujet plus tard. « J’ai pensé à un truc pour le potager cette nuit. Je me suis dit que faire une serre, ça pourrait peut-être déjà protéger ce qui va être planté de l’humidité et avec la chaleur ça va pousser en plus. » Au moins, je ne suis pas la seule à ne pas vouloir aborder ce sujet. Je la regarde étaler de la confiture sur sa brioche, et j'en attrape une pour faire pareil après avoir attrapé à mon tour une cuillère dans nos tiroirs. Je l'écoute attentivement, absorbant chaque mot afin d'analyser ce qu'elle me dit. C'est une bonne idée. Les serres sont choses courantes sur le continent, alors il n'y a pas de raison à ce que cela ne marche pas ici. Et puis, nous avons un climat particulier sur cette île, il faut qu'on mette toutes les chances de notre côté pour que cette terre soit fertile. Alors que je croque une bouchée de ma brioche, elle me demande ce que je pense de son idée. Je mâche un peu histoire de ne pas parler la bouche remplie, au risque de m'étouffer ou bien de dégoutter ma meilleure amie. « Je trouve cette idée parfaite... Mais je ne vois pas pourquoi tu en doutais. » Pour me rincer un peu la bouche, j'attrape ma tasse de café et en boit une petite gorgée, grimaçant parce que j'avais oublié la température assez importante du liquide. « Je suis persuadée que ça va marcher et que ce potager sera une réussite! »
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