Tous les départs resserrent les cœurs qui se séparent || ft. Owen & Claire

Tous les départs Resserrent
les coeurs qui se séparent

✣ Claire Dearing | Owen Grady | Ingrid Powell ✣

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Les billets d'embarquement contre moi, toujours étroitement serrés dans mon poing droit et le regard invariablement tourné vers l'horizon. Semblable à une statue inflexible dont on oubliait la présence. Rester ainsi sur le pont m'apaisait et empêchait mes nausées de refaire surface. Bien que la traversée eut connu quelques intempéries durant la nuit, la mer était calme désormais et les reflets de ses mouvances scintillaient au soleil. Faire le voyage une fois avait été une belle performance mais l'entreprendre à nouveau relevait du véritable exploit. C'est le mot qui me venait à l'esprit à l'issue de notre entrevue avec Claire Dearing, car il n'avait pas été facile de me convaincre de revenir. J'avais pris soin d'établir une barricade d'objections, doublée d'une argumentation de fer. Mais contre toute attente, elle semblait mieux me connaître que quiconque, peut-être même mieux que moi d'ailleurs. Car honnêtement, jamais je ne m'étais imaginée refaire un si long périple. D'autant plus qu'à la différence du précédent à destination de Jurassic World, Isla Sorna ne disposait pas de piste d'atterrissage : le transport par hélicoptère était donc de ce fait, totalement exclu. Ce qui rendait la traversée par la mer obligatoire et je dus me conditionner par avance, étant sujette à un mal de mer -fort heureusement- léger.

La navette ne tanguait plus mais pourtant, je sentais dans ma poitrine mon cœur chavirer en apercevant au loin les contours de l'île. Avais-je pris la bonne décision ? Aurais-je dû me montrer plus ferme envers Claire et ne pas m'accorder le bénéfice du doute ? Et surtout, étais-je prête à reprendre mes activités ? Que se passerait-il lors que je serai en contact avec l'un de ces spécimens qui avaient valu la mort de certains coéquipiers et amis ? Un nœud se forma dans ma gorge tandis que je resserrai la couverture que l'on m'avait prêté sur mes épaules. Je ne savais plus très bien où j'en étais. Une partie de moi tenait en horreur cette année entière que j'avais passé ainsi recluse dans mon appartement sur Manhattan. Mais l'autre, ne pouvait oublier cet état de dépression sévère dans lequel j'avais fini en tentant de garder contenance devant Masrani Corp. Et lorsque j'y songeais, New-York ne devenait plus une si mauvaise option. C'était tout de même lamentable, à quarante-trois ans, d'être si indécise quant à la marche à suivre et d'être incapable de savoir ce qui pouvait m'être bénéfique ou non. Moi qui avait toujours été si indépendante et pragmatique, je ne faisais que toucher du doigt des perspectives qui s'offraient à moi, sans pour autant m'y engager pleinement et pour de bon. Car en effet, j'avais procédé différemment cette fois. Tout d'abord, je n'avais que sous-loué mon appartement, considérant la possibilité de ne partir que sur un court terme dans le cas où les choses ne se passeraient pas selon mon souhait. Et deuxièmement, je n'avais pris qu'une disponibilité d'un an, reconductible, mais ce qui me permettait d'avoir un plan de secours si je me rétractais avec ce contrat pour lequel on venait de m'embaucher. Naturellement, je n'en avais rien dit à Claire car je n'étais pas certaine qu'elle était en mesure de le comprendre. S'il y avait bien une chose pour laquelle j'étais certaine, c'était de ne pas risquer de refaire une seconde fois les mêmes erreurs. Ah ça non.

La navette de ravitaillement adopta alors un rythme plus lent, sans doute parce que nous approchions des récifs et de l'île. Le personnel autour de moi commençait à s'agiter et ne prêtait heureusement pas attention à ma silhouette proscrite à l'avant du bateau. Le peu que j'avais cru bon d'emporter était solidement empaqueté et serait débarqué au même titre que le reste des marchandises. Ce qui me surprenait d'ailleurs car la plupart des caisses semblaient contenir des denrées périssables, et cela en disait long sur les moyens de rapatriement plus qu'archaïques qui avaient été mis en place. Le visage tourné vers ma destination, je demeurais indifférente à l'effervescence sur le pont car je ne me sentais nullement concernée. Ma tâche à moi consistait uniquement à arriver à bon port, apte à commencer dans les plus brefs délais. Et c'est bien ce que je comptais faire : débarquer et attendre mon ordre de mission. Je savais que Claire espérait que je trouve sur Isla Sorna, le même attrait et attachement qu'elle mais je ne croyais pas cela possible. On m'avait embauché pour une tâche bien précise et c'était donc-là, la seule raison de ma venue.

Enfin, le navire accosta avec douceur et je laissais le personnel décharger, observant la scène avec intérêt sans esquisser le moindre mouvement qui aurait pu trahir une certaine impatience. Car je ne l'étais pas, impatiente. Puis finalement, je laissais la couverture dans une cabine avant de mettre mon sac sur l'épaule, et descendis à pas lents sur l'unique quai présent sur le port. Une fois sur la terre ferme, je fis quelques pas sur le côté, et laissais tomber le sac de toile à mes pieds, dans un léger nuage de poussière qui me fit grimacer. Ici, l'air était plus humide, peut-être même plus humide que sur Isla Nublar. Je retroussais les manches de ma chemise jusqu'à mes coudes et croisais les bras, raide comme le piquet d'amarrage derrière moi. D'un œil critique, je passais en revue l’ensemble de l'infrastructure qui -c'était un fait- n'était conforme en aucun point à l'idée que je m'étais faite de l'endroit. Les sourcils froncés, j'étudiais minutieusement les alentours qui me semblaient loin d'être aboutis. Ce taudis était-il réellement prêt à être présenté au public ? Jurassic World avait bien des défauts, mais on ne pouvait certes pas lui retirer son standing. Stoïque, droite et passablement mécontente, je continuais d'analyser mon nouvel environnement en attendant que quelqu'un ici daigne bien prendre connaissance de mon arrivée.

(c) oxymort

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✣ Claire Dearing | Owen Grady | Ingrid Powell ✣

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Les bras croisés, on eut dit arrimage supplémentaire. Je suivais les gens du regard, en particuliers si ces dernière s'approchaient trop près. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'ici, rien ne payait de mine et je dois bien avouer que j'étais terriblement déçue d'avoir endossé toutes ces heures de navire pour n'avoir droit qu'à ce piètre spectacle. Si l'on pouvait toutefois qualifier ça de spectacle : un amas de terre et de poussière, encadrés par des délimitations de bois érigées à la sauvette. Je savais pertinemment qu'il était impossible que je me sois trompée d'endroit et pourtant, c'était un état de fait qui avait tout à fait sa place dans ma tête. Bien sûr, il n'y avait eu aucune escale sur l'espèce de rafiot et c'était l'unique destination prévue que le capitaine avait annoncé en amarrant. La mine boudeuse, j'affichais un air mécontent à celui qui voulait bien regarder et je finis par soupirer ostensiblement.
Pour ne rien arranger, je constatais que Claire était en retard. C'est bien connu, un problème n'arrive jamais seul. Mon séjour sur Isla Sorna démarrait décidément, parfaitement bien. On ne pouvait rêver mieux ! Je sentais les rayons du soleil me taper dans le dos et sur la nuque mais pour autant, je ne bougeais pas d'un millimètre. Finalement, je vis un véhicule arriver au loin et je me braquais dessus bien avant qu'il ne ralentisse. A bord, une Claire qui sortit en trombe, suivie de près par Grady que je n'avais pas revu depuis plusieurs années. Mon mécontentement persista lorsque je vis la directrice aller -non pas vers moi- mais vers un autre homme à qui elle confia ce qui semblait être de loin, à un dossier. Visiblement, il était prévu que je reste plantée là at vitam aeternam ou du moins, jusqu'à ce que celle qui avait fait irruption chez moi à New-York ne daigne remarquer ma présence. Et ça n'était certainement pas à moi de faire le premier pas, ah ça non ! Elle avait réussi à me traîner jusqu'ici, et bien je mettrai un point d'honneur à être son fardeau jusqu'au bout !

Finalement, le duo s'avança vers moi et c'est à ce moment exact, que je choisis de consulter ma montre, bien à la vue de tous pour que le message que j'avais à faire passer soit compréhensible par les principaux concernés. 10h06. Je pinçais les lèvres en m'abstenant de commentaire. Claire se précipita sans crier gare, tant et si bien que j'eus un mouvement de recul, pensant qu'elle allait m'étreindre pour ces retrouvailles. Heureusement, il n'en fut rien et Owen vint se poster à ses côtés pendant qu'elle s'enquérait de mon voyage.❝ D'une lenteur épouvantable ! Sans parler du fait que nous avons rencontré quelques perturbations vers trois heures cette nuit, ce qui nous a fait dévier de plusieurs dizaines de miles vers l'Est. ❞ fis-je avec emphase et sans même répondre à sa question car de toutes les façons il était évident que non, je n'allais pas bien.
Owen, quant à lui, se contenta de poses ses mains sur les hanches et de me demander -d'une façon aussi raffinée qu'il lui était possible de faire- si mon mal de mer, dont il me savait atteinte avait si l'on pouvait dire...refait surface. Je plissais les yeux dans sa direction, me baissais pour prendre mon sac qui gisait au sol : ❝ Hélas, rien qui ne mérite d'être raconté, je suis navrée.❞ fis-je avec un sourire hypocrite avant de lui placer sans ménagement mon sac dans les bras afin qu'il le porte à ma place. ❝ Vous n'avez jamais été un grand poète, Grady. Il faudrait que vous commenciez à l'accepter.❞ déclarais-je avec ironie pour souligner son manque de subtilité. Il avait un caractère déplorable, nous nous chahutions d'ailleurs souvent mais pourtant, cela n'avait jamais entaché le respect que j'avais pour lui. Grady avait fait un travail considérable pour l'ancien parc, tant au niveau des diverses espèces que pour la bonne marche du projet et je ne doutais pas qu'il ferait de même aujourd'hui.

Maintenant que j'avais distribué mon irritation à tout le monde et que je l'avais bien faite savoir, je me tournais vers Claire. Un peu clémente pour la regarder des pieds à la tête comme c'était mon habitude : ❝ Vous semblez en forme, Claire.❞ Constatais-je, rassurée. Je délivrais un rapide coup d’œil vers le dresseur de raptors en m’apprêtant à le complimenter également, mais les mots s'étouffèrent dans ma gorge avant de pouvoir en sortir. A dire vrai, Owen semblait être...égale à lui même. Couvert de terre et passablement poussiéreux comme si sa plus grande occupation avait été de se rouler au sol. Je me contentais d'afficher une mine grimaçante qui suffisait largement à traduire ma phrase muette.

Je promenais mon regard aux alentours, tout en sachant qu'ils le suivraient et demandais-je, bien que j'étais déjà sûre de la réponse qu'ils allaient me fournir : ❝ Ainsi, c'est donc ça votre projet ?❞ Plusieurs millions de dollars investis pour quatre planches et une toiture de fortune ? Assurément, la zone devait débuter plus avant et j'avais hâte que Claire et Owen me le prouvent en m'affirmant qu'il ne fallait pas faire attention à cet endroit de débarquement. Que leur véritable projet était plus loin...

(c) oxymort